Vous avez eu une autre vie avant de devenir boulangers…
[Christelle] Moi, je travaillais dans une grande entreprise, toujours en équipe. Le fait d’avoir une équipe soudée qui a envie de travailler ensemble, c’est quelque chose de très important. Le fait de manager, c’est quelque chose que j’ai fait et que j’aime bien faire. Dans mon ancien métier, j’avais un travail avec les chiffres. C’est quelque chose que je mets à profit dans mon approche d’entrepreneuse.
En fait, je travaillais dans une banque et j’en ai eu vraiment marre parce que ça ne correspondait absolument plus à mes valeurs. C’est la recherche de sens qui a fait débuter ma reconversion. Et puis après, ça a été très, très vite parce que le pain m’a toujours attirée. J’ai toujours dit à l’époque, je ne sais pas pourquoi, que si je n’avais pas été banquière, j’aurais été boulangère. J’ai fait un bilan de compétences en collectif, hyper intéressant et qui m’a vraiment portée. Et j’ai découvert que boulangère bio ça cochait toutes les cases : je voulais que ça ait du sens, j’avais envie d’un travail manuel après avoir passé 20 ans derrière un ordinateur, j’avais envie que mon projet soit un projet à impact positif, qui fasse du bien à la Terre, à l’être humain, etc. Et puis le challenge de monter une boulangerie, d’avoir ce côté business, ça m’attirait beaucoup. J’aime bien prendre des décisions. Je suis volontaire. J’aime bien avoir un cap et m’y tenir. Donc je me suis inscrite à l’école internationale de boulangerie un mois plus tard et c’était parti.
[Sami] On n’est pas de la même promotion, mais on s’est rencontrés par l’intermédiaire de cette école, qui est très dans la collaboration, le réseau. On souhaitait ouvrir une boulangerie sur le même territoire et on avait des valeurs et un projet assez similaires. Moi, je viens du secteur culturel, dans le monde administratif, privé et associatif. J’ai piloté des projets très variés et ça demande un petit peu de débrouillardise, de savoir collaborer. Et j’ai toujours eu donné de l’importance aux valeurs des organisations avec lesquelles j’ai travaillé. J’ai cette notion de service public, de vouloir amener quelque chose de bien à la société. J’étais très épanoui dans ma vie professionnelle et je ne suis pas parti fâché. Mais je suis fils d’agriculteur du côté paternel et maternel. J’ai grandi dans l’univers des céréales, je suis passionné de plantes depuis toujours. Et on est une famille qui mange beaucoup de pain. Et j’ai toujours été attiré par l’univers de la cuisine, j’ai toujours sourcé les produits que je consomme. Boulanger, c’était plutôt un espèce de fantasme. Mais quand j’ai découvert l’école internationale de boulangerie et que j’ai découvert qu’il était possible d’avoir une vie professionnelle et personnelle conciliable, même si ça reste un travail dur, là je me suis dit qu’il fallait que je concrétise ce rêve. Et j’ai découvert qu’en boulangerie, il y a beaucoup de transmission de savoir, d’apprentissage, ce que j’aime beaucoup. Il y a une bienveillance et également ce côté créatif, avec cette boulangerie quand même différente de ce que les gens connaissent.